Eden Périphérie
2016 - 2017
résidence artistique en territoire périurbain.
Un projet mêlant création et actions de médiation culturelle.
travail réalisé avec le collectif bellavieza
photographies / Adeline Praud, Jérôme Blin, Benoit Arridiaux et Gaëtan Chevrier
texte / Anne Bossé / géographe CRENEAU, ENSA Nantes
Ce projet a été produit et encadré par la Communauté de communes d’Erdre et Gesvres (Loire Atlantique)

‘’ Nous avons arpenté le territoire de la Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres à la recherche d’indices. Puisque cette zone est dite « périurbaine », elle devrait en porter quelques attributs, quelques spécificités. Nous avons remarqué ces sorties de rond-point en devenir et quelques zones de covoiturage, attributs notoires s’il en est car la question des transports y est cruciale. La collectivité soutient le développement du rouler collectif, mais la voiture individuelle résiste. Puisque l’on y roule, parce que l’on y habite, nous nous sommes intéressés aux lotissements en construction. Ces projets donnent à voir la nécessité d’absorption des ambitions domestiques : oui, tout le monde aura sa parcelle ! En marge, des traces de chantiers que l’on suppose à venir nous livrent là encore des indices de futures transformations.
Qui sont donc les habitants, les primo-acquérants pour qui s’opère cette mue ? Nous en avons rencontré quelques-uns. Ceux-là se sont installés il y a peu. Selon nous, ils incarnent un renouveau social et une promesse d’évolution. Que nous disent ces objets récoltés à la volée des histoires personnelles. Tout et rien à la fois. À qui appartiennent-ils ? Peu importe. Tous ces attributs documentent une réalité parmi d’autres. C’est pourtant une fiction que nous vous livrons, l’histoire morcelée et partielle d’une intercommunalité aux multiples visages.’’
Qui sont donc les habitants, les primo-acquérants pour qui s’opère cette mue ? Nous en avons rencontré quelques-uns. Ceux-là se sont installés il y a peu. Selon nous, ils incarnent un renouveau social et une promesse d’évolution. Que nous disent ces objets récoltés à la volée des histoires personnelles. Tout et rien à la fois. À qui appartiennent-ils ? Peu importe. Tous ces attributs documentent une réalité parmi d’autres. C’est pourtant une fiction que nous vous livrons, l’histoire morcelée et partielle d’une intercommunalité aux multiples visages.’’
collectif bellavieza






Ah qu’ils intriguent les habitants du périurbain ! Leurs pratiques, leurs désirs, leurs imaginaires, leurs votes sont passés au crible et les stéréotypes en sortent déjoués ou renforcés. Que de difficultés à assumer le périurbain pour ce qu’il est et à cesser de le considérer comme une sous-ville ou une ville qui peinerait à advenir. Et si pourtant le périurbain était le lieu de futurs territoires durables ? Plutôt que de concevoir les projets comme autant de contraintes - limiter les coûts de l’étalement, maîtriser l’urbanisation opportuniste, obliger à densifier, mettre sous cloche les espaces naturels... -
ne pourrait-on pas réussir à en faire projet avec les spécificités de ces espaces ?
La géométrie du périurbain fascine - arêtes franches des maisons, lignes tendues des réverbères, sinuosité nette des routes - et ses incongruités amusent aménagement parfait d’un rond-point dont une voie s’arrête net, coffrets EDF magnifiquement encastrés comme autant d’épouvantails.
Tas de terre, fourreaux, dalles béton, piquets de géomètres, lignes d’asphalte immaculée, gravier tout juste déposé : l’urbanisation est tantôt destruction tantôt utopie, selon que l’on y voit la dispersion, le sol fragmenté, le substrat rural mis à mal ou la multiplication des lisières, des franges et des interfaces possibles entre bâti et espaces ouverts.
Nulle localité n’est indiquée ici. On circule dans ces nouvelles géographies que les ménages désireux d’accéder à la propriété individuelle contribuent à fabriquer. Les horizons sont larges, ouverts, les ciels habités. On observe ces lotissements, formes génériques vite étiquetées cités dortoirs dont la répétition peut être chahutée. Bords de route, mitoyennetés, pièces de nature classée, infrastructures, les lotissements s’adaptent - ils comblent le déjà-là, s’agrègent entre eux ou débutent un front bâti. Au centre, la maison. On peut la construire ou la faire construire, la bricoler, l’augmenter, elle est ce chez-soi au dehors maîtrisable, le jardin, que l’on peut travailler, planter, clôturer, acclimater. Ici pourtant l’action est arrêtée, on reste au seuil de ce paysage domestique silencieux, il revient aux visages et aux objets d’incarner les attachements au territoire.
ne pourrait-on pas réussir à en faire projet avec les spécificités de ces espaces ?
La géométrie du périurbain fascine - arêtes franches des maisons, lignes tendues des réverbères, sinuosité nette des routes - et ses incongruités amusent aménagement parfait d’un rond-point dont une voie s’arrête net, coffrets EDF magnifiquement encastrés comme autant d’épouvantails.
Tas de terre, fourreaux, dalles béton, piquets de géomètres, lignes d’asphalte immaculée, gravier tout juste déposé : l’urbanisation est tantôt destruction tantôt utopie, selon que l’on y voit la dispersion, le sol fragmenté, le substrat rural mis à mal ou la multiplication des lisières, des franges et des interfaces possibles entre bâti et espaces ouverts.
Nulle localité n’est indiquée ici. On circule dans ces nouvelles géographies que les ménages désireux d’accéder à la propriété individuelle contribuent à fabriquer. Les horizons sont larges, ouverts, les ciels habités. On observe ces lotissements, formes génériques vite étiquetées cités dortoirs dont la répétition peut être chahutée. Bords de route, mitoyennetés, pièces de nature classée, infrastructures, les lotissements s’adaptent - ils comblent le déjà-là, s’agrègent entre eux ou débutent un front bâti. Au centre, la maison. On peut la construire ou la faire construire, la bricoler, l’augmenter, elle est ce chez-soi au dehors maîtrisable, le jardin, que l’on peut travailler, planter, clôturer, acclimater. Ici pourtant l’action est arrêtée, on reste au seuil de ce paysage domestique silencieux, il revient aux visages et aux objets d’incarner les attachements au territoire.
A.B.












